Le mercredi 25 juillet, Madame Besançon, chargée de mission pollutions et fonds marins au Ministère de la Transition Ecologique et solidaire, Madame Nicoli, stagiaire travaillant sur le carénage et l’antifouling, ont été invitées à Chausey pour une présentation sur les alternatives à la peinture antifouling. Une dizaine de personnes, pêcheurs professionnels et plaisanciers, se sont déplacées pour prendre part à la discussion et apprendre davantage sur ces alternatives qui permettraient, à l’avenir, une navigation durable et respectueuse de l’environnement.
La peinture antifouling, que l’on applique en fin d’opération de carénage, est une peinture empêchant l’installation des organismes aquatiques sur la carène, grâce à l’effet de produits présents dans sa composition, appelés biocides et diffusés en continu. Elle permet de maintenir les performances de glisse du bateau sur l’eau. Pourtant, la peinture perd en efficacité avec le temps et son application est à renouveler tous les ans. En résulte une diffusion et une perte des biocides dans le milieu marin.
L’opération de carénage, pendant laquelle la peinture est appliquée, consiste au nettoyage de la coque sous la ligne de flottaison, au décapage des restes d’antifouling et à la remise en peinture. Elle permet de se débarrasser de la corrosion et des salissures qui peuvent e développer sur la coque d’un bateau et donc altérer la navigation. Lorsque la plateforme de carénage n’est pas aux normes ou défectueuse, les restes de peinture antifouling nettoyés et composés d’éléments chimiques finissent dans le milieu marin.
La peinture antifouling peut donc contribuer, par effet d’accumulation, à une pollution de l’eau et à une perturbation de l’écosystème, avec des conséquences sur son équilibre (des changements de sexe sur les poissons ont par exemple été constatés). Elle peut également avoir des effets néfastes pour la santé humaine. Pour répondre à ce constat, de nombreuses alternatives sont en cours de développement depuis plusieurs années. Si la solution miracle n’existe pas encore, les recherches demeurent tout de même encourageantes pour un jour remplacer totalement la peinture antifouling classique par une solution plus écologique et plus respectueuse de l’environnement.
Madame Besançon et Madame Nicoli nous ont ainsi présenté plusieurs alternatives possibles. Par exemple, la cire végétale. Ce produit est à appliquer sur la coque du navire pour améliorer sa glisse sur l’eau. Cependant, la composition de ce produit est encore inconnue. Le produit est aujourd’hui seulement disponible sur internet, sur les sites anglo-saxons. Le second produit est une bâche de protection (ou « Parefouling) à poser sur la coque du bateau. Si cette technique semble très développée dans certains pays comme l’Australie, elle est encore à l’essai en France. Le « Parefouling » est néanmoins fabriqué et commercialisé en France et a été testé à Granville dans le cadre du programme Plaisance Durable Chausey ; son efficacité contre le fouling est évidente mais il est plutôt adapté aux bateaux sortant peu. La brosse télescopique ou « brosse Lulu » est une perche qui permet de nettoyer la coque de son bateau, avec comme inconvénient que l’on ne peut pas voir immédiatement si toute la coque a été nettoyée (elle peut être fournie avec un adaptateur Gopro permettant un contrôle vidéo de la coque). D’autres techniques comme le nettoyage vapeur, le film adhésif, hérissé de micro-poils, le lavage terrestre ou l’utilisation d’une station de lavage à flots sont des dispositifs également encourageants mais l’essai demande à être confirmé.
D’autres dispositifs recueillent en revanche des avis plus mitigés concernant leur impact écologique. Ainsi le lavage en eaux douces consiste à séjourner pendant quelques jours dans les rivières ou les lacs. L’eau douce nettoie les coques en tuant la végétation. Mais l’utilisation de cette technique peut résulter en une pollution de des eaux douces, par des organismes marins. L’utilisation d’ultrasons serait inefficace pour les coques faites de plastique mais se pose surtout la question de leur impact sur le milieu en cas de multiplication de ces systèmes. Les premiers essais d’utilisation d’un robot de lavage donné lieu à quelques disfonctionnements. Cependant, la plupart de ces techniques sont encore mal connues.
D’autres solutions se développent et sont toujours en cours d’expérimentation comme le revêtement nano technologique, qui est un produit à base de silicone, qui empêche les salissures de se fixer sur la carène grâce à des nanostructures qui se gonflent. La technique des diodes ultraviolette consiste à intégrer des diodes ultraviolettes électroluminescentes à la coque, émettant de la lumière. Ces diodes empêche l’environnement biologique se s’y fixer mais l’impact sur le milieu naturel pourrait être particulièrement fort.
La discussion sur ces alternatives a été riche et les personnes présentes y ont activement participé. Nous remercions Madame Nicoli et Madame Besançon d’avoir fait le déplacement à Chausey pour faire part de leurs travaux aux personnes présentes à la discussion.