S’arrêter dans un site sauvage, jeter l’ancre à l’écart des infrastructures standardisées d’un port, c’est l’un des grands plaisirs du mouillage forain. Encore faut-il choisir le lieu adapté et respecter un minimum de règles, sous peine de transformer le rêve en cauchemar pour soi-même et pour la nature.

Gare à l’ancre  faucheuse

Mouiller sur les zones d’herbiers peut provoquer des dégradations sur la flore sous-marine, en arrachant irrémédiablement ses racines. Ce sont par ailleurs des fonds de mauvaise tenue. Privilégier les fonds clairs (bancs de sable) pour jeter l’ancre.

Prairies fragiles

Attention où vous jetez l’ancre ! La flore sous-marine de l’archipel est remarquable. Chausey est par exemple la station française la plus importante pour l’algue Fucus lutarius. Mais le fleuron local de la flore sous-marine, c’est la zostère, dont les herbiers ont un intérêt patrimonial de premier ordre. Cette plante à fleurs forme de véritables prairies sous-marines au rôle biologique et sédimentaire essentiel. Son rôle de nurserie et de frayères pour les poissons est reconnu. Chausey abrite la 3e plus grande surface de zostère marine en France, avec plus de 400 hectares répartis sur les 5 000 hectares de l’archipel.

L’art de jeter l’ancre

Outre savoir lire une carte et anticiper les variations du vent et des courants, l’art du mouillage repose sur quelques grands principes préalables :

  • Pour réduire l’impact sur l’environnement et préserver sa sécurité, il faut vérifier que le poids de l’ancre et la longueur de chaîne ou de cordage soient adaptés à la taille du bateau et la hauteur d’eau. Vous éviterez ainsi le dérapage, à la fois dangereux pour votre bateau et néfaste pour la préservation des fonds.
  • Repérez avant la nuit les possibilités de départ en cas d’urgence météo (caps à suivre, dangers isolés) et, de nuit, allumez votre feu de mouillage.
  • Réduisez votre vitesse dans ces zones de mouillages, pour votre sécurité et le confort des bateaux voisins.
  • Assurez-vous que la hauteur d’eau où vous mouillez sera suffi sante pour votre bateau à basse mer si celui-ci ne peut pas échouer et assurez-vous que le fond est dépourvu de roches !

L’œil sur les cartes

Avant d’envisager un mouillage forain, il faut impérativement respecter les zones où le mouillage est interdit et celles qui sont conseillées, figurant sur les cartes marines. De la même manière, on ne jette pas l’ancre dans le Sound, sauf au Cochon et sous la Pyramide (grandes unités uniquement). Les fonds de sable et de vase dure sont à privilégier : ils sont également indiqués sur les cartes marines par un code couleur spécifique ou des initiales (« S » pour le sable et « M » pour le vase). Évitez aussi les zones rocheuses où l’ancre risque de rester coincée.

L’œil aussi sur le vent

Les variations de vent et de courant feront tourner votre bateau. De jour comme de nuit, il faut anticiper votre zone d’évitement. Ainsi, à Chausey, même par beau temps, le vent thermique et le courant peuvent vous faire tourner de 360° autour de votre ancre.

Le mouillage  à l’ancre en 4 temps

  1. Approchez face au vent et repérer une zone de fond claire (sable).
  2. Jetez l’ancre quand le bateau est arrêté.
  3. Filez la chaîne (au moins trois fois la hauteur d’eau) à mesure que le bateau recule. L’idéal est de reculer doucement pour bien dérouler la chaîne au fond et faire crocher l’ancre.
  4. Attendre que le bateau soit revenu dans l’axe du vent et vérifiez la tenue du mouillage (prenez des repères à terre).
  5. Lors de l’appareillage, remontez progressivement à hauteur de votre ancre que vous rincerez sur place avec la chaîne avant de repartir.

 

Vous pouvez télécharger cet extrait du guide « Bien naviguer à Chausey » ici.